Abbaye de Marmoutier

Localisation :

Tours, 17 quai de Marmoutier

Dates :

372

État du batiment :

Partiellement conservé

Veüe de l’Abbaye de Marmoustier Lez Tours, de l’ordre de St Benoist, Congrégation de St Maur, Louis Boudan, XVIIe siècle, dessin à l’aquarelle, 43,5 x 55,3 cm, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, collection Gaignières, 5291.
Crédits : Source gallica.bnf.fr / BnF

À proximité immédiate de la ville de Tours, sur la rive opposée de la Loire, l’abbaye de Marmoutier est une des principales et des plus renommées institutions religieuses du Val-de-Loire. Son origine remonte à saint Martin, alors évêque de Tours, qui fit le choix de conserver son mode de vie ascétique et ne voulut pas renoncer à l’ermitage. Il trouva sur les côtés nord de la Loire un lieu de paix, à la fin proche de ville pour continuer à exercer ses fonctions et suffisamment éloignée pour goûter au calme auquel il aspirait. Rapidement rejoint par d’autres ermites, un monastère fut fondé en 372, ce qui en fait la deuxième fondation monastique occidentale. Le monastère gagna vite en notoriété, Grégoire de Tours le désigne sous le terme de « maior monasterium » ce qui lui donne son nom de Marmoutier. Au cours du IXe siècle, l’abbaye, qui bénéficie de la protection de la dynastie carolingienne, est dotée d’une église pour entreposer les reliques de saint Gorgon. Le 8 novembre 853, l’abbaye est détruite lors des invasions normandes. Sous l’impulsion du comte Eudes, la communauté de Cluny y installe des moines. Cette nouvelle impulsion permet à l’abbaye de renaître et de connaître sa phase d’expansion la plus importante dans le courant du XIIIe siècle.

 

Marmoutier [Tours : abbaye de Marmoutier, portail de la Crosse], Anonyme, 1822, estampe extraite Du rétablissement des églises en France, à l’occasion de la réédification projetée de celle de Saint-Martin de Tours…, L.-V.-M.-J. Jacquet-Delahaye-Avrouin, Paris, A. Egron, 1822, 11,5 x 18 cm, Tours, Bibliothèque municipale, Ic. 2885.
Crédits : Photo © Bibliothèque municipale de Tours, cliché F. Joly

Durant cette période, l’accès à l’abbaye se faisait par l’ouest. Attirant un grand nombre de pèlerins et de visiteurs l’abbaye dut se doter d’espaces dédiés à leur accueil. Une hôtellerie à destination des hôtes prestigieux avait été installée à proximité de l’entrée. Sur le coteau, se développent les grottes, la chapelle Notre-Dame troglodytes et la tour des cloches datée du XIe siècle. L’abbaye s’étendait ensuite vers le sud. Sur les bords de Loire, à l’ouest, étaient aménagées les écuries et une grange. Les appartements de l’abbé furent installés à l’est avant le XIVe siècle. Au milieu de ces deux espaces se développaient les bâtiments monastiques. L’église, à flanc de coteau, marquait la limite sud du cloître. Sur son flanc est se trouvaient une infirmerie et une église funéraire dédiée à saint Benoît, qui fut utilisée jusqu’à la fin du XVIIe siècle [Lorans]. Tout au long du Moyen Âge et plus encore au XVIe siècle sa renommée vient aussi de sa très riche bibliothèque qui ne cesse d’être enrichie des plus importants manuscrits de textes antiques et européens.

 

Marmoutier, Anonyme, postérieur à 1637, estampe, 22,10 x 26,90 cm, Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, collections de Touraine, 8Fi0922.
Crédits : Archives départementales d’Indre-et-Loire, 8Fi0922

 

Victime d’abbés peu scrupuleux et davantage intéressés par les ressources de Marmoutier que par la vie monastique, l’abbaye connaît un déclin rapide. Dès 1539, elle ne se vit plus administrée par des abbés réguliers, mais par des abbés commendataires, des clercs séculiers bien souvent issus de grandes familles de l’aristocratie du royaume nommés par le roi et qui se soucièrent peu de sa gestion. Un nouveau coup fut porté à l’abbaye en 1562 lorsque les protestants investirent les lieux pour le piller et le saccager. La succession des abbés mauvais gestionnaires entraina une dégradation rapide des bâtiments.

Saisie à la Révolution française, elle fut d’abord utilisée comme carrière, avant que ce qu’il restait des bâtiments soit transformé en hôpital militaire et en prison. L’abbaye ne fut  réinvestie par l’église qu’en 1847 lorsque les sœurs de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus réhabilitèrent le culte de Saint-Martin.

 

Bibliographie

Lelong Charles, L’abbaye de Marmoutier, Chambray, C.L.D., 1989.
Lorans Élisabeth, Marot Émeline et Simon Gaël, « Marmoutier (Tours) : de l’hôtellerie médiévale à la maison du Grand Prieur », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, BUCEMA, Hors-série n° 8, 2015.
Lorans Élisabeth, Creissen Thomas, « Marmoutier, une fondation martinienne près de Tours », Dossiers d’Archéologie, n° 381, mai 2017, p. 14-19.


Lien vers la fiche associée :

Abbaye de Marmoutier